« Il est facile de prendre des raccourcis et de penser que nous n’avons pas besoin de méthodes.
Un jour la vie vous prouvera que vous avez tord »
Vous êtes nombreux à vous demander quelle est la progression idéale en BASE Jump ?
Il me semble évident qu’il n’existe pas une seule façon d’évoluer et qu’il y a autant de façons de progresser que de base jumpers. Je vais cependant essayer de vous proposer une ligne conductrice qui pourra vous guider dans votre découverte de l’activité.
De 0 à 50 sauts
Pendant vos premiers 50 sauts je vous recommande de sauter presque exclusivement depuis des ponts jusqu’à la maîtrise de ces 4 points :
– La maîtrise et l’aisance des techniques de sauts glisseur bas : savoir faire une Static Line (SL) / savoir sauter extracteur à la main (ALM) en utilisant la main gauche ou droite suivant le vent / savoir sauter rangé / savoir tirer des PCA
– La régularité dans la chute lors des sauts glisseurs haut et les premiers déplacement à plat : sortie parallèle au pont / faire un 90° en chute puis un 180° et un 360° / apprécier la sortie Toboggan / rester stable et symétrique en faisant des mise en track / faire une sortie face au pont en sautant à plat sur le ventre
– Le réglage de votre matériel parfait : avoir des DBS bien réglés / avoir les suspentes des commandes à la bonne longueur (à 100% de freins la voile doit immédiatement arrêter d’avancer)
– La connaissance et la maîtrise du pilotage de votre parachute : pilotage freiné / maintenir une parachutale / faire des décros / piloter une marche arrière / être régulier sur les vrilles à plat / simulation et gestion d’un pilotage twisté (contrôler le cap au dessus du twist) / approche en PTU, PTS et PT8
A partir de 50 sauts
Je dissocie la partie glisseur haut de la partie glisseur bas car vous n’êtes pas obligé de pratiquer toutes les disciplines du BASE. Et je comprends parfaitement que certains d’entre vous ne soient pas intéressés par les sauts bas.
Je pense cependant que l’expérience est avant tout le nombre d’exits plutôt que le nombre de sauts. Pratiquer le glisseur bas de façon très safe en ne faisant que des SL/PCA pour découvrir des sauts et s’entraîner à différentes approches et posés me semble très intéressant dans votre apprentissage.
- En glisseur bas
Une fois que votre matériel est bien réglé et que vous savez gérer un 180 vous pouvez envisager de commencer à “chuter depuis des falaises”. J’entends par chuter le fait de partir extracteur à la main ou rangé (suivant le profil du saut) depuis des falaises que vous aurez dans l’idéal, préalablement repéré en PCA ou SL.
Gardez bien en tête qu’à partir du moment où c’est l’extracteur qui sort la voile et non plus une PCA ou SL, le risque de 180 à l’ouverture est bien présent. Choisissez donc des falaises déversantes et suffisamment hautes pour que vous ayez le temps de gérer une mauvaise ouverture. Je ne pense pas que choisir une falaise excessivement haute soit la solution. En cas de 180° entraînant un contact avec le mur et une impossibilité de votre part d’en sortir la hauteur de la falaise risque d’aggraver la situation. Mieux vaut taper le mur sur une courte distance…
Voici quelques exits adaptés pour vos premiers saut ALM et RANGE de falaise suivant là ou vous habitez :
- La Carmina à Saint Guilhem le Désert
- Le Mollard au dessus de Grenoble
- Les Cavaliers dans les gorges du Verdon
- La Visera à Los Mallos de Riglos en Espagne
- En glisseur haut du BIG
Une fois que vous êtes à l’aise sur les différentes sorties du BIG, que vous maitrisez les corrections et que vous tirez régulièrement à 6 secondes de chute. Je vous propose de faire vos premiers aerials si vous en avez envie. L’idéal étant à minima d’être à l’aise sur un barrel et un frontflip avant de faire des premières track de falaise. Pour plus de détail sur la raison qui me pousse à vous proposer de faire ces aerials, je vous laisse lire cet article.
- Les premières track de falaise
Je pense que les 2/3 premiers sauts doivent être faits en lisse avec la même tenue que celle avec laquelle vous vous entraînez du BIG.
Une fois stable et à l’aise vous pouvez commencer à sauter avec un pantalon de ski et un K-way pour augmenter votre surface et faciliter la track.
Si vous le souhaitez et si vous avez une petite tracksuit deux pièces que vous maitrisez parfaitement d’avion (trajectoire / virage progressif et serré / gestion du taux de chute / confort au tirage ) vous pouvez commencer à sauter avec en BASE après au moins une dizaines de sauts en pantalon de ski.
Voici l’ordre des exits du plus facile au plus dur. Cet ordre me semble important à respecter lors de votre progression en track :
- : Le Brento en Italie OU Kjerag en Norvège
- : Lauterbrunnen en Suisse (Yellow / Nose 2 / Nose 3 / Black ocean / La mousse / Dumpster / Dumpster qui court)
- : Les gorges de la Bourne à Choranche (la conque puis Bourni 1) OU l’exit classique du Granier à coté de Chambery
- : Magland dans la vallée de l’Arve (le qui court puis le classique) ATTENTION à ne surtout pas confondre le qui court avec Dérivator
- Les gorges du Verdon (VDE puis Trescaire puis Pichenibule…) ATTENTION les sauts étant en vitesse subterminale vous n’aurez pas beaucoup de temps pour tracker et vous écarter du mur. Privilégiez une voile bien réglée et une gestion des 180° efficace. De plus les atterrissages ne sont pas faciles, les protections corporelles sont les bienvenues.
A partir de 200 sauts
Je pense que vous devez retarder au plus tard le jour ou vous allez sauter pour la première fois avec une combinaison une pièce. Vous ne devez surtout pas sous estimer la puissance de ces combinaisons, le fait qu’il y ai un gros écart entre un vol réussi et un vol raté et le fait que vous allez devoir en permanence réévaluer vos performances pendant le saut. Je vous recommande d’avoir au minimum 200 sauts en BASE dont au moins 100 sauts de track en deux pièces et avoir sauté 50 exits différents avant d’envisager de commencer à sauter avec une combinaison une pièce.
Vous devez au préalable parfaitement maitriser cette tracksuit d’avion.
Vous devez en plus d’avoir sauté en deux pièces les exits énoncés ci-dessus, avoir fait de longs sauts de tracksuit deux pièces. L’idée est de savoir maintenir sa vitesse et sa finesse sur des sauts longs plutôt que sur des sauts ou vous faites « seulement » une prise de vitesse puis une ressource.
Voici deux exemples de gros sauts que vous devez avoir fait en deux pièces :
- Le Mushroom depuis l’Eiger à coté de Lauterbrunnen en Suisse
- La Croix des têtes dans la vallée de la Maurienne en France
Maintenant que vous êtes sûr de vouloir sauter en onepiece, je vous laisse regarder cette excellente réflexion de David Laffargue de l’école O2BASEJUMP sur la pratique de la tracksuit une pièce.
A partir de 500 sauts
La wingsuit n’est pas du tout une obligation ni un aboutissement, plus de la moitié des gens qui meurent chaque années en BASE étaient équipés d’une wingsuit alors que la plupart des base jumpers ne pratiquent pas cette discipline.
Toutefois si vous envisagez un jours de sauter avec une wingsuit je pense qu’avoir au moins 500 sauts de BASE, 5 ans d’expérience , plus de 150 exits sautés et au moins 200 sauts en tracksuit une pièce me semble un minimum pour commencer dans des conditions raisonnables de sécurité.
J’espère que cet article vous permettra d’y voir plus clair sur les années qui vous attendent en BASE.
N’hésitez pas à m’envoyer un message pour plus de précision, ce texte est voué à être mis à jour avec vos retours d’expériences.
Merci beaucoup, super intéressant!!